Le vitrail se définit comme une composition décorative translucide formée de pièces de verre colorées maintenues par un réseau de plomb (lui-même soutenu par des tiges métalliques formant un cadre rigide). Toutefois cette définition résulte d’une certaine évolution de la technique puisque les vitraux étaient à l’origine maintenus dans des cadres de bois ou par un liant de stuc ou de ciment. A partir du Xème siècle, cette technique va progressivement être remplacée par le vitrail au plomb en Occident, plus souple et plus malléable, et qui résiste mieux à l’humidité du climat.
Le vitrail est utilisé en architecture depuis des siècles. Il fait son apparition principalement dans les édifices religieux. Les plus anciens vitraux actuellement visibles datent de 1100 (XIIème siècle) et se trouvent dans la cathédrale d’Augsbourg en Allemagne fédérale. A l’époque romane (début Xème siècle-moitié XIIème siècle) l’ensemble des murs des églises servaient de structure afin de supporter le poids de la toiture. Pour cette raison les ouvertures qu’on pouvait y pratique devaient se limiter à des superficies minimales et pour cette raison les premiers vitraux étaient constitués de verres clairs afin de maximiser la pénétration de la lumière. À cause de ces contraintes architecturales, les fenêtres occupaient une surface réduite, la luminosité était minimale, les espaces étaient introvertis. Avec l’avènement du style gothique (XIIème siècle-XVIème siècle), des arcs-boutants constituaient l’ensemble de la structure, les murs ne servaient plus à cette fin, ils devenaient de simples éléments de remplissage entre les colonnes si bien qu’il devint possible de pratiquer de plus grandes ouvertures pour les fenêtres. L’architecture générale des édifices de cette époque permet la réalisation d’espaces beaucoup plus volumineux, la lumière est omniprésente et abondante, l’extérieur pénètre le bâtiment. Dès lors on commence à colorer le verre puisque la réduction de la luminosité résultant de la coloration est compensée par l’augmentation de la superficie des ouvertures. Il en résulta des compositions artistiques plus sophistiquées et un effet visuel saisissant qui transforma de manière radicale l’aspect visuel des églises. La Sainte Chapelle de Paris constitue l’apogée du style gothique ou le vitrail s’exprime dans toute sa splendeur. Le vitrail occupe presque toute la superficie des murs. Le vitrail est au service de l’instruction religieuse, il représente des scènes bibliques, la vie des Saints ou parfois la vie quotidienne au Moyen-Âge. Dans bien des cas il était souvent impossible à interpréter par les fidèles, les verrières étant trop hautes pour être lisibles et les scènes trop petites. Du XVIème aux XVIIIème siècles le vitrail connait un crépuscule en raison des multiples crises monétaires et des guerres de religions. Plusieurs vitraux sont détruits (le tiers environ) afin de récupérer le plomb pour la fabrication de munitions. Les églises serviront à d’autres usages durant cette période. Plusieurs vitraux comportaient des blasons et armoiries en référence à l’époque féodale. Afin d’éviter leur destruction lors des nombreuses révolutions plusieurs furent murées afin de les sauvegarder. Au XIX siècle les églises sont rendues au culte mais les dégâts sont énormes. La profession de maître-verrier elle-même est pratiquement disparue. Une vaste reconstruction est entreprise. C’est à cette époque ou le vitrail apparaît dans les édifices publics. À la fin de la deuxième guerre mondiale un renouveau souffle dans l’art sacré. L’architecture des églises développe un langage moderne et le vitrail suit cette tendance en s’exprimant à travers un vocabulaire de formes et de motifs renouvelés. On verra alors apparaître de nombreuses réalisations d'artistes comme Chagall, Matisse, Braque et Rouault. Église de Foucarmont en France Le XXème siècle connait une percée majeure dans l’art du vitrail alors que l’artiste américain Louis Comfort Tiffany (1848-1933) révolutionne le monde du vitrail en développant une technique toute nouvelle qu’il met au service de l’Art Nouveau. Plutôt que d’utiliser la traditionnelle baguette de plomb il met au point une méthode inédite d’assemblage du verre. Chaque pièce de verre est enrobée d’un fin ruban de cuivre lequel est enduit d’une graisse à soudure facilitant l’application d’une soudure à chaud Il en résulte un ensemble beaucoup plus délicat ou les joints d’assemblage sont nettement plus discrets que le ruban de plomb. Les œuvres qui en résultent sont d’une incroyable légèreté en plus de permettre la réalisation de composition toutes en finesse. Il n’y a qu’à songer aux légendaires lampes Tiffany pour réaliser que cette méthode permet littéralement de ‘’sculpter’’ le verre Nous reviendrons dans une prochaine chronique sur l’histoire et les réalisations de Louis Comfort Tiffany. Les maître-verriers furent donc de tout temps des collaborateurs inestimables. Ils permirent aux architectes de raffiner leurs concepts et de sophistiquer leurs créations. Grâce à eux chaque bâtiment avait la possibilité d’exprimer avec plus de finesse son caractère, sa personnalité, sa raison d’être. Une fenêtre qui contribue à raffiner l’esprit et qui ouvre sur le divin. Photo de Pierre Laurin : Daniel Bouguerra
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AuteurChristian Gonzalez Catégories
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