30 minutes d’exercice, 5 portions de fruits et légumes… Art et culture?
C’est la rentrée! Le beau temps des derniers jours me donne vraiment l’impression que les vacances se poursuivent, mais le retour des devoirs et leçons me ramène bien vite à la réalité. Qui dit rentrée, dit meilleur mois de l’année pour vous entretenir sur la place que la culture occupe dans la vie des jeunes. Des jeunes culturellement actifs Le goût de la culture doit être réveillé et éveillé dès le plus jeune âge. Nous avons tous une responsabilité à prendre dans l’éducation culturelle, soit en tant que parents, grands-parents, membres d’une famille ou en tant que professionnels des milieux de la petite enfance, de l’éducation, du milieu des affaires ou des sphères municipales. Depuis 2012, les Conseils régionaux de la culture (dont Culture Montérégie) se sont regroupés pour travailler ensemble à documenter puis à promouvoir la citoyenneté culturelle des jeunes. L’objectif? Faire reconnaître la culture comme partie prenante des saines habitudes de vie pour un Québec durable, innovant et en santé. La citoyenneté culturelle comprend trois grands axes : un meilleur accès aux arts et à la culture pour tous les jeunes, une plus grande participation culturelle et l’acquisition d’une culture artistique pour tous les jeunes.
La culture, pilier essentiel du développement humain
Rôle de la culture dans l’épanouissement identitaire et personnel des jeunes La pratique des arts est un moyen pour les jeunes d’apprendre à mieux se connaître en découvrant leurs émotions et en apprenant à les extérioriser. La culture favorise les échanges en offrant une occasion d’ouverture aux autres. La culture contribue au développement d’un esprit critique et représente une plate-forme privilégiée pour aborder des sujets tabous et briser le mur du silence. La pratique des arts encourage également un mode de vie physiquement actif (danse, cirque, arts de la scène) ainsi que le développement de la dextérité fine et de la capacité attentionnelle (dessin, musique). Rôle de la culture dans l'épanouissement social des jeunes En participant à une création collective, un groupe de musique, une troupe de danse, entre autres…, les jeunes tissent des liens, développent leur sentiment d’appartenance et de fierté. En créant ensemble, ils apprennent la gestion des relations interpersonnelles harmonieuses, la nécessité de faire des compromis, l’entraide et les rapports égalitaires. Les activités artistiques sont l’occasion d’ouvrir un dialogue interculturel et d’ainsi agir pour le mieux-vivre ensemble. Elles contribuent également à favoriser l’implication citoyenne. Rôle de la culture dans les milieux d'apprentissage Dès la petite enfance, la pratique des arts et l’accès à la culture dans les milieux éducatifs et scolaires permettent de mettre en pratique différents modes d’expression. La créativité, enseignée par le biais des arts, accroît la capacité d’adaptation des jeunes et développe des aptitudes dans la résolution de problèmes. Parce que la culture embellit la vie, elle contribue à la vitalité des milieux éducatifs et favorise la persévérance scolaire. Rôle de la culture dans l'épanouissement professionnel des jeunes La culture contribue au développement des compétences recherchées sur le marché du travail (curiosité, créativité, capacité d’agir, entregent, autonomie). Le théâtre, par exemple, en plus de solliciter l’écoute active, offre l’occasion de développer des habiletés en communication. Les jeunes qui s’investissent dans des projets créatifs développent davantage leurs aptitudes entrepreneuriales. Ils sont à même de prendre plus de risque et savent mieux gérer l’inconfort. Ces compétences permettent de contribuer au renouvellement des pratiques professionnelles par la conception de solutions créative et durable. Vous êtes probablement, comme moi, convaincus que les arts et la culture ont une place essentielle dans nos vies. Toutefois, il ne suffit pas d’y croire. Il faut agir. Je vous invite d’ailleurs à signer, dès aujourd’hui, la Charte d’engagement pour une reconnaissance du rôle fondamental des arts, de la culture et de la créativité dans le développement personnel et social des jeunes. Profitez de l’occasion pour regarder les magnifiques capsules vidéo Je suis un jeune créatif. Soyez contagieux, partagez la charte et les vidéos! Je crois beaucoup à la force du nombre. Lorsque je regarde les statistiques de la Montérégie, je me dis que si nous travaillons ensemble, nous arriverons à faire bouger les choses. Notre région compte : 103 bibliothèques, 13 commissions scolaires, 12 diffuseurs en arts de la scène, 475 écoles, 41 institutions muséales, 55 maisons de jeunes, 15 MRC et territoires équivalents, 179 municipalités (incluant les territoires autochtones), 39 organismes communautaires/famille et 531 services de garde éducatifs reconnus (excluant les garderies en milieu familial). Les jeunes montérégiens de 0 à 17 ans représentent 20 % de la population, soit 297 363 (chiffre de 2015). En ACTION pour la citoyenneté culturelle des jeunes est une initiative de Culture Montérégie afin d’outiller tous les milieux concernés par l’éducation culturelle. Découvrez votre boîte à outils et inscrivez-vous à l'infolettre.
Photo de Sabrina Brochu : Daniel Bouguerra
Photo: Christian Gonzalez Il est vraiment curieux de constater comme certaines œuvres suscitent des réactions étranges. On incline la tête ou on prend du recul afin de mieux saisir l’objet, en espérant ainsi réussir à simplement le comprendre. On se gratte le menton l’air songeur comme si ce geste allait faire surgir la lumière des ténèbres et chasser l’inconfort qui nous envahit. S’il faut se prononcer, on y va parfois d’un commentaire qui exprime un doute, qui relève d’avantage de l’émotion que de l'analyse : "Le fait de photographier un immeuble que l'on n'apprécie pas trop esthétiquement aide mentalement à mieux l'accepter." - Daniel Bouguerra, photographe "Contraste saisissant entre les fenêtres de bureaux très étroites, à droite, et l’immense surface vitrée à gauche. On aime, ou on n’aime pas!" - Christian Gonzalez Immanquablement la source de l’inconfort est la même : l’incompréhension. Elle résulte du fait que l’objet ne répond pas, ou mal, aux références esthétiques ou formelles auxquelles on est habitué. Cette écart par rapport à la norme nous dérange et perturbe notre compréhension et nos sens. Si c'est vrai pour les bâtiments, ça l'est aussi pour toutes les autres formes d’expression artistique. C’est que pour comprendre il manque souvent une petite chose toute bête : la clé. Et cette clé c’est que l’on appelle le concept architectural. Pour résumer, c’est la description par laquelle l’architecte explique les réflexions, les sources de motivation et d’inspiration qui ont menées à l’organisation de son œuvre, à la construction formelle et esthétique du bâtiment, à l’impression ou au message qu’il souhaitait véhiculer dans l’esprit des gens. Des exemples : ….je me suis inspiré de la vocation industrielle du secteur pour favoriser l’usage de l’acier dans la composition des façades…. ….l’eau de la rivière avoisinante m’a naturellement suggéré l’utilisation de formes courbes et fluides dans l’aménagement des trottoirs et des corridors….
«…Afin de créer un bâtiment original, la MRC a mandaté des chercheurs en urbanisme afin de dégager de nombreux éléments paysagers distinctifs du boulevard Harwood. Avec ces différents constats, la MRC créera un édifice original qui s’inspire de l’histoire, du milieu et des citoyens qui habitent le secteur….» (lire la suite sur VIVA média : La MRC et le CLD déménagent). A en juger par la proposition préliminaire des architectes, on se demande ce que les urbanistes ont trouvé de significatif sur ce boulevard Harwood hétéroclite et décousu, qui se reflète dans la conception des façades et du bâtiment dans son ensemble. Ont-ils oublié de transmettre le résultat de leur recherche aux architectes chargés de concrétiser le tout? Quoi qu’il en soit, cette alternative fut mise de côté au profit de la version finale dont la construction s’est achevée voilà quelques mois. À défaut de susciter l’unanimité loin de là, cette version finale a le mérite de concrétiser les trois éléments principaux du concept architectural :
À n’en pas douter, la version finale est moins convenue et plus audacieuse que la proposition préliminaire. Les concepteurs ont fondé leur design sur les éléments forts inspirés de l’histoire de la région. Il en va du résultat comme il en va du choix du concepteur. Chacun a sa vision des choses, sa manière d’interpréter et de faire la mise en scène. Le résultat peut être sage ou peut être... surprenant. Que le projet soit passé par deux propositions aussi différentes et que cette dernière version ait été choisie a au moins le mérite de témoigner de la volonté du donneur d’ouvrage (la MRC) et du service d’urbanisme de Vaudreuil-Soulanges de forcer le changement et le renouveau du boulevard Harwood avec des propositions qui font réfléchir. Certains aiment, d’autres pas. C’est en définitive cela qui compte, que l'expression artistique soit mise au service des services publics, qu’elle provoque l’émotion et parfois on l’espère, la réflexion. Après tout, n’oublions pas que l’uniformité engendre la monotonie. Le plus important restant que la discussion dissipe l’incompréhension. Comme il est réconfortant de comprendre, comme il est personnel d’aimer… Photo de Pierre Laurin: Daniel Bouguerra
Lorsqu'on est enfant, c'est dans les chansons qu'on a souvent son premier coup de foudre avec les mots. C'est aussi dans les histoires qu'on se fait raconter par sa mère le soir avant de s'endormir profondément. Ce sont elles qui nourrissent l'imaginaire des adultes lecteurs que nous sommes aujourd'hui. Les images se créent dans la tête, des images fabriquées par la perception unique de chaque individu. C'est l'ultime pouvoir des mots qui se composent et se décomposent au fil des pages qui se tournent. Depuis ces premiers jours, j'ai soif de mots et d'histoires inventées, et vous ? C'est qu'il est si bon d'avoir ce sentiment d'évasion, de liberté, de curiosité, de beauté qui se forgent. Les mots sont d'habiles propulseurs d'émotions, des alliés pour voyager dans des mondes insoupçonnés. Les mots du livre ouvrent des fenêtres sur des côtés méconnus de la vie. Chaque page avale une partie de ce qu'on était. Lorsque je ferme un livre, la vie autour de moi est différente. J'avais envie de vous partager le talent d'une écrivaine que j'apprécie particulièrement parce que les femmes qui écrivent ont une place primordiale dans mon esprit féministe. Boire les mots d'Anne Hébert C'est un livre d'Anne Hébert qui m'a complètement renversée. L'une des écrivaines les plus habiles pour tricoter des phrases dans le torrent intérieur de ses personnages. Au tout début, j'ai bu ces mots avec douceur puis avec ardeur, j'ai suivi le courant affamé du coeur qui se déployait entre les pages. Anne Hébert, fée des phrases qui nous brassent le dedans du corps. Tout comme elle, j'ai cette avidité des paysages et ce goût de vivre comme les femmes frondeuses. Dans ses histoires, Il y a des femmes avalées par la nature sauvage des hommes. J'ai soulevé des mystères qui s'ancraient à l'intérieur du récit. Puis vint les pierres qui se figent, la trace des mots de pluie, des pages de marées qui nous recrachent sur la grève froide du fleuve. Des fous de Bassan s'écrasant dans la valse malhabile de leur atterrissage. Des nuages et du brouillard pour créer le doute et filtrer la vérité qui arrachent le coeur. Des filles transparentes qui hurlent dans les flots de la mer. Des draps de neige pour les amants qui se déchirent. Des ruisseaux par lesquels on peut prendre le large vers les discours impétueux de l'homme. Dans chacune des lignes composées par Anne Hébert, il y a ce dévoilement d'univers furtifs, impalpables qui soulèvent la fureur et la rage dans la beauté de la brume du corps. Au dernier paragraphe, elle avait conquis mon âme de poète, ma curiosité de jeune femme. Elle avait saisi la fragilité sauvage des êtres et la nudité de leurs bouleversements. Des mots sauvages jusqu'à la mort Étonnamment, elle avait su mettre des mots sur la mort. Je n'ai jamais vraiment compris ce que c'était que cette force qui émanait de son langage. En fait, je crois bien qu'il n'y avait rien comprendre, il fallait seulement ressentir profondément le vide entre chaque respiration. J'ai apprivoisé la mort à travers ses personnages, j'ai enflammé mes ombres dans l'imaginaire de cette auteure, comme si je pouvais enfin me permettre ma propre vision du monde et que la mort apportait elle aussi son lot de beauté à la vie. La mort avait cette douceur enveloppante, ce murmure furtif des grandes promesses qu'on fait à ceux qu'on aime à la toute fin. À chaque lecture, je suivais le courant jusque dans les profondeurs des épais marécages et l'enfant que j'étais se chargeait d'emmagasiner l'étendue du désastre ou la vaste intensité de la lumière que la romancière avait bien voulu partager avec ses lecteurs. Dans ma mémoire, je préservais les ressentis des femmes et des hommes fictifs afin d'en tisser des bribes poétiques lorsque serait venu le moment d'écrire, lorsque je serais à mon tour, atteinte par la présence de la mort, par la frénésie vivante de la fin d'une vie. Avaler la laideur pour en faire de la beauté "J'étais un enfant dépossédé du monde. Par le décret d'une volonté antérieure à la mienne, je devais renoncer à toute possession en cette vie." Le Torrent Comment peut-on rendre beau ce qui est laid? La violence, l'inconscience, l'ingratitude, la haine, l'indolence, la souffrance, la jalousie? Comment ce qui est véritablement hideux devient parfois si hideux qu'il est tout près de la beauté ? Comment rendre soutenable ce qui est insoutenable au bout du compte ? Anne Hébert enchante les lecteurs par sa légèreté d'être. Elle compose sa propre poésie du langage. Les êtres se font violence entre eux. Malgré tout, on y retrouve tant de beauté dans le verbe qu'on arrive à saisir leur laideur profonde sans trop être endommagé. La nature, la mer, les arbres, le ciel arrivent presque à calmer, à panser cette laideur vive qu'on retrouve dans certains gestes ou pensées des personnages. La façon d'écrire d'Anne Hébert et de capter les tréfonds singuliers de la douleur est digne d'une grande sensibilité. Cette artiste de l'écriture est un souffle d'inspiration pour de nombreux créateurs en ce monde. Il faudra encore marcher vers la source inépuisable de la création. Assurément, il sera essentiel de plonger dans une substance qui se rapproche du cuir et du sang pour continuer de dévoiler le frémissement outrageux des femmes qui écrivent. Une fois de plus, on se laisse envahir par leur histoire, par cet océan de paroles féminines qui bascule l'être dans le grand frisson. Photo de Marie-Belle Ouellet : Daniel Bouguerra
Un monde qui change au quart de tour, une cadence qui nous impose d’être toujours plus productif et ce nécessaire besoin de vouloir toujours atteindre la perfection sont autant de facteurs de stress, d'inquiétude, voire même de découragement pour certains. Dieu merci, il y a le wabi-sabi! Ce terme japonais, qui n'a rien à voir avec les sushis, énonce un principe d'esthétique qui pourrait se définir comme l’imperfection dans la beauté et pourquoi pas... comme la beauté de l'imperfection! C’est le maître Sen No Rikyū (1522-1591) qui a posé les fondations de cette philosophie pratiquée aujourd’hui à travers le monde, notamment au travers de la cérémonie du thé. Le wabi-sabi (侘寂) désigne un concept esthétique qui réunit deux principes : le wabi qui fait référence à la plénitude que l'on peut éprouver face aux phénomènes naturels et le sabi, qui pourrait se définir comme l'appréciation de l'ancien, cette sensation que l'on peut éprouver face aux choses dans lesquelles on peut déceler le travail du temps (vieillesse des êtres et des choses, patine des objets). Autrement dit, le wabi-sabi c’est apprendre à retrouver la beauté dans sa plus simple expression, dans le dépouillement, dans la rusticité…. dans les choses, telles qu’elles sont. Une simple fleur parfaitement disposée sur une planche de bois vieilli l'exprime très bien.
L'esprit du wabi-sabi n'a rien d'une mode... c’est un principe de vie née autour de l’idée du vide, du silence, de la modestie et d’une certaine austérité raffinée. Même si ce sont les maîtres de l’art japonais, ces artistes à l’esprit zen, qui ont su perpétuer le wabi-sabi par leurs pratiques exemplaires - l’art du thé, l’art floral ikebana, l’architecture, la calligraphie, la céramique, la musique, la poésie - cette philosophie millénaire se propage encore aujourd’hui car l’homme a visiblement besoin de reprendre contact avec l’essentiel et de réapprendre à se contenter de ce qu’il a en l'appréciant. Sensible à toute forme d’art, j’ai toujours eu une certaine attirance pour pour ce mode de pensée avant même que j’en connaisse l’existence. J’apprécie tout ce qui prône l'harmonie avec la nature, la beauté sans artifice, la spontanéité et l'absence de prétention de l'imperfection naturelle. Cette forme, m’inspire et confirme mon intérêt à produire des œuvres ou l’esthétisme s’exprime dans sa plus simple expression. Il évoque pour moi la quintessence d'une beauté capable d'affronter le temps, malgré le sentiment de fragilité qu'il évoque. C’est par ce chemin que j’ai pris la mesure de ma condition d’artiste et ma raison de créer. Les matières brutes sans sophistication, la beauté des objets qui ont du vécu, les vieux meubles, les objets récupérés, tous porteurs du savoir-faire des anciens et d'années d’histoire cumulées, m’attirent et m’inspirent. C’est un peu à cause de cette philosophie japonaise que j’ai développé le goût de la recherche et l’expérimentation avec une lente maturation d'idées dont je ne vois jamais le bout. Si l’art résulte de l’alliance étroite de l’idée et de la forme, je comprends mieux pourquoi j'aime créer avec des éléments recyclés et pourquoi j’ai tant de plaisir à transformer la matière. Cette force qui, comme un aimant sur une boussole, me donne l’envie d’agir et de rendre à la nature ce qu’elle m’offre jour après jour. Si tous les artistes n'empruntent pas cette voie, je constate néanmoins que depuis quelques années, l'art et la culture semblent de plus en plus s'imprégner des notions et des valeurs essentielles mises en avant par les principes du développement durable. Je suis très heureuse de voir que de plus en plus de créateurs adhèrent à ces valeurs et que de nombreuses oeuvres publiques sont désormais empreintes de cet esprit. Ce n'est peut-être pas encore du wabi-sabi, mais ça commence à y ressembler... Selon Christopher A. Weidner, expert en feng shui, "le wabi-sabi signifie se consacrer à l’essentiel, être pleinement soi - rien de plus, rien de moins". Nous portons tous en nous tout ce dont nous avons besoin pour nous sentir heureux et créer. Il suffit de s’en tenir à notre passion et rester authentique. Photo de Madeleine Turgeon : Daniel Bouguerra
Dans mon article précédent, j’abordais les logiciels de création graphique. J’ai aussi mentionné ce qu’était l’image matricielle. Ici, il sera plutôt question de son opposée, l’image vectorielle. Qu’est-ce que l’image vectorielle ?
La particularité de l’image vectorielle est que contrairement à l’image matricielle qui perd de la qualité lorsqu’elle est agrandie, elle conserve ses proportions, empêchant ainsi la déformation de l’image. L’image vectorielle est donc souvent utilisée par les professionnels de l’image tels que les graphistes ou les illustrateurs pour permettre une variété de modifications du graphique sans en compromettre la qualité. L’image vectorielle : un historique En informatique, l’image vectorielle fut utilisée avant l’image matricielle, dans les années 1960 et 1970, parce que son utilisation était plus avantageuse d’un point de vue technique et économique. Elle fut aussi utilisée pour la création des premiers jeux d’arcade de l’époque, comme le jeu "Asteroids". L’utilisation de l’image matricielle gagna du terrain dans les années 1980, années qui correspondent à la commercialisation de logiciels de traitement de l’image comme Adobe Photoshop. Cependant, elle reprit rapidement de la popularité pour ses usages pratiques en art numérique et en graphisme. L’image vectorielle : ses usages Exemple de vectorisation d’une image matricielle (photo de l’actrice Angelina Jolie). Source : mstudio.one Tel que mentionné auparavant, l’image vectorielle est largement utilisée par les professionnels de l’image comme les graphistes. Par exemple, elle représente le choix tout indiqué dans la création de logos ou de graphiques divers utilisés pour l’identité visuelle d’une entreprise en raison de ses capacités de transformation et de conservation des proportions. Par exemple, un graphique doit être versatile afin de pouvoir être utilisé en en-tête d’un document 8,5" x 11" autant que sur un grand panneau d’affichage publicitaire. En somme, l’image vectorielle est notamment utile dans une perspective commerciale et marketing de l’image. L’image vectorielle : ses logiciels de création Le logiciel de création de vectorielle le plus populaire est sans aucun doute Illustrator, disponible dans la suite de produits par Adobe. On peut l’essayer gratuitement en le téléchargeant ici. Interface du logiciel Adobe Illustrator. Source : images.macworld Dans le même ordre d’idées que le logiciel Photoshop et son semblable, Gimp, Illustrator a aussi son équivalent gratuit : Inkscape. Le logiciel CorelDRAW, développé par la compagnie Corel en 1989, nous est aussi très certainement familier. On peut en faire l’essai en le téléchargeant ici. Maintenant que les bases de l’art numérique ont été abordées, je me ferai un plaisir de vous présenter prochainement une sélection d’artistes d’ici et d’ailleurs spécialisés dans l’art numérique sous toutes ses formes. Merci pour votre fidélité et à bientôt ! Photo d'Émilie Léger : Daniel Bouguerra
Tout au long de l’année, je parcours les expositions et j’assiste à de nombreux vernissages en faisant toujours le même constat : ces événements n’attirent presque personne, sauf s’il s'agit d’artistes majeurs qui ne sont souvent plus de ce monde depuis des lustres. L’exposition La couleur radieuse de Pierre Bonnard a par exemple attiré plus de 120 000 visiteurs au Musée national des beaux-arts du Québec en début d’année. En région, c’est le désert. Pourtant nous avons, notamment dans Vaudreuil-Soulanges, des artistes de très haut calibre qui ont des choses à nous dire et de merveilleuses œuvres à nous montrer. Il n’en reste pas moins qu’à part leur famille et leurs amis, lors des vernissages de leurs expositions, les salles restent désespérément vides, ou presque. Pourquoi? Je me suis posé la question… Je pense que ce désintéressement du public est lié à plusieurs facteurs et je crois en avoir identifié au moins trois… la formule, l’information et la culture. À part quelques rares exceptions, la formule souffre très probablement d’une certaine forme de désuétude. Accueil du public, petites allocutions dont les mots sont souvent les mêmes et le traditionnel vin, fromage et petits grains de raisins et pourquoi pas... quelques bretzels. Mis à part les œuvres accrochées aux murs, les vernissages se suivent et se ressemblent. Et si ça pétillait un peu plus? Et si c’était un peu plus le fun? Et si… ça nous surprenait? Je reste persuadé que si ces événements étaient plus festifs ils attireraient beaucoup plus de monde et surtout beaucoup plus de jeunes. L’information est quant à elle souvent négligée aussi. Les médias en parlent peu ou pas du tout et les réseaux sociaux nous livrent le minimum d'indications : le nom de l’exposition, la date et le lieu. J’aimerais en savoir plus… la démarche de l’artiste, ce qui l’inspire, le thème de son exposition, le nombre d’œuvres (ou d’artistes s’il s’agit d’une exposition collective). Ce n’est pas juste une date et une adresse que je veux… c’est l’envie de me déplacer. Quant à la culture… là je vais faire l’effort de modérer ma plume car je me suis rendu compte que si tout le monde connaissait la définition de "Boxing day", celle de vernissage était un peu moins claire dans certains esprits. Alors, un peu d’histoire… Normalement, le vernissage est l’inauguration privée d’une exposition artistique, la veille de son ouverture officielle. Cet événement tire son nom du fait que c’était le jour où le peintre exposant avait la possibilité de vernir ses toiles. Autrefois, les tableaux présentés aux salons de peinture étaient vernis sur place lors de séances prévues avant la visite du public qui pouvait discuter des œuvres exposées avec les artistes et les autres invités. Une réception accompagnait cet événement qui a conservé le nom de vernissage, en héritage de cette pratique passée. L’habitude prise par les clients et l’élite d’apparaître dans les académies les jours de vernissage avant l’ouverture officielle de l’exposition a donné lieu à la tradition de célébrer l’achèvement d’une œuvre d’art ou d’une série d’œuvres d’art avec des amis et des commanditaires. C’était, un évènement social très chargé, auquel assistaient des invités spéciaux, associés d’une façon ou d’une autre à l’artiste. Les temps ont changé et si aujourd’hui les artistes ne vernissent plus leurs œuvres à la veille de leur exposition, le grand public peut généralement assister librement à tous les vernissages et avoir l’occasion d’échanger avec le, ou les artistes qui exposent. Ces événements, qui ne sont plus réservés à une "élite", sont probablement la plus belle des portes d'entrée pour pénétrer dans l'univers d'un créateur et d'une manière plus générale, dans celui de l'art. À ce propos, je remarque aussi que si les vernissages, les vrais, ont un peu perdu de leur attrait, c'est que le terme lui-même est trop souvent utilisé à tort et à travers et qu'il a un peu perdu de sa valeur auprès du grand public. Une exposition de dessins d'enfants, d'oeuvres réalisées par les aînés de la résidence Beau Soleil et même par les élèves d'un artiste, aussi connu soit-il, ne donnent pas lieu à des vernissages. On devrait plutôt parler de dévoilement ou tout simplement d'ouverture officielle. Une partie des oeuvres de l'exposition "Espace chromatique". Photo Christian Gonzalez Le 7 juillet dernier, j’assistais au vernissage de l’exposition "Espace chromatique" au Hachem de Vaudreuil-Dorion. Une superbe exposition qui réunit 24 œuvres murales réalisées par 24 artistes professionnels et de la relève de Vaudreuil-Soulanges pour faire apprécier et comprendre le processus créatif de chacun d’entre eux. Une exposition absolument magnifique. Pourtant, alors qu’à deux pas, le stationnement de Costco semblait complet, hormis les artistes et quelques amis, ce vernissage n’a attiré personne. Sachez qu’un petit détour au Hachem vous aurait intellectuellement et mentalement beaucoup plus nourri que votre chariot rempli de victuailles et ce, tout à fait gratuitement. Mais il n’est pas trop tard puisque l’exposition Espace chromatique se poursuit jusqu’au 31 août prochain et que d’ici-là vous passerez certainement du côté de Costco, Rachel Berry ou Chocolats Favoris. Au passage, entrée libre veut dire entrée gratuite. Ça va sans dire, mais ça va parfois mieux en le disant... Photo de Christian Gonzalez : Daniel Bouguerra
Ah l’été, ma saison préférée! Dans cette chronique, j’ai choisi d’aborder une thématique un peu plus de légère parce que l’été s’est fait pour s’inspirer!
Depuis que je travaille pour Culture Montérégie, j’ai la chance immense d’assister au Colloque Les Arts et la Ville. Cette année, 300 personnes, du milieu culturel et municipal, se sont réunies à Montmagny pour réfléchir au concept de citoyenneté culturelle. Je vous partage ici mes conférenciers coups de cœur; peut-être que vous aussi, vous aurez le coup de foudre? L’architecte Pierre Thibault "Et si la beauté rendait heureux?" Cette question ouvrait la conférence Rêver la culture, de Pierre Thibault, qui traitait de l’impact de l’aménagement du territoire sur la qualité de vie des citoyens. Pour M. Thibault, le bonheur citoyen passe, entre autres, par des occasions de rencontres. Ces réunions peuvent survenir lors d’événements, comme des spectacles, mais aussi dans des espaces publics aménagés, qui permettent aux citoyens une appropriation des lieux, favorisant le partage, la discussion et une invitation à créer ensemble la communauté. Pierre Thibault nous questionnait sur la pertinence de toujours choisir le plus bas soumissionnaire au lieu de guider nos décisions en fonction d’un critère: la beauté. Les beaux lieux ont un pouvoir attractif. Leur rayonnement attire les touristes et engendre des retombées économiques importantes. M. Thibault nous a aussi lancé sur une piste : les lieux qui donnent "le goût d’être" des citoyens ne pourraient-ils pas être aussi plus utiles? Il suggérait, par exemple, de combiner les fonctions afin d’animer les lieux du matin au soir. Pourquoi une école, jolie et bien aménagée, ne pourrait-elle pas ouvrir ses portes aux organismes culturels qui occuperaient les locaux en soirée et la fin de semaine? Un exemple à découvrir (site en anglais)> "l’École sans murs" : Ørestad Upper Secondary School Pour en apprendre davantage sur l’univers de Pierre Thibault, je vous invite à regarder les magnifiques capsules vidéos sur le site de La Fabrique culturelle... celle-ci en est extraite:
La fée urbaine, Patsy Van Roost Les projets de Patsy Van Roost étaient venus à mes oreilles bien avant que je ne connaisse cette artiste bien particulière. Dans sa conférence, elle nous parlait avec tellement de conviction que j’en suis venue à croire, pour un instant, que cette femme avait effectivement un pouvoir bien particulier, celui de rendre tout possible. Depuis 2013, on surnomme cette artiste "La fée du Mile End". Sa démarche artistique est tissée à sa vie de quartier. Son mantra: l’art comme outil pour faire vivre des expériences infiltrantes, participatives et rassembleuses. La passion qui la porte est, sans contredit, l’appartenance à son quartier. La matière première avec laquelle travaille Patsy Van Roost est le relationnel. Créer sans argent, mais créer quand même pour répondre à un besoin essentiel: le contact humain. Dans sa conférence, l’artiste nous a prouvé que les contraintes ne sont pas des freins, mais plutôt des stimuli pour pousser la créativité plus loin.
En 2014, le Journal Métro a réalisé un classement des quartiers où il fait bon vivre à Montréal. Sur 40, le Mile End se positionnait avantageusement en 5e place. La vie artistique très développée, la diversité culturelle et le "facteur cool" sont les principaux arguments en faveur de sa reconnaissance. Gageons que la Fée n’est pas trop loin derrière cet accomplissement! Pour voir que tout est encore possible, je vous invite à visiter le site Web de cette artiste extraordinaire.
Le Duo père-fils, Christian Denis et Maxime Naud-Denis
Ce qui m’a le plus interpellée dans la conférence de ce duo des plus sympathiques est le fait qu’ils accomplissent mer et monde en région. Alors que la ruralité fait souvent peur aux porteurs de culture, ils sont un exemple flagrant que le développement des territoires provient d’une volonté citoyenne et que les arts et la culture y sont fortement liés. Le père, Christian Denis, est conseiller municipal de Deschambault-Grondines, situé dans la MRC de Portneuf. Cette municipalité consacre annuellement en moyenne 8 % de son budget au loisir culturel. Les arts et la culture sont un incitatif majeur dans le développement économique de la région, en particulier, parce qu’ils permettent d’offrir aux citoyens une grande qualité de vie et le désir de demeurer dans leur coin de pays.
Le fils, Maxime, est directeur général de la microbrasserie, Les Grands Bois de Saint-Casimir. Au deuxième étage de la microbrasserie, une coopérative construite dans un ancien cinéma datant de 1946, se trouve une salle de spectacle de 250 places assises. Ce lieu rend accessible à la population de 1500 âmes, une offre culturelle riche, abondante et diversifiée. Qui l’eût cru?!
Coup de coeur bonus
Projet à faire découvrir à vos élus municipaux : Transforme ta ville! Un projet d’urbanisme participatif mis en place par le Centre d’écologie urbaine de Montréal qui, en offrant 500 $ à des citoyens, a permis un vaste chantier de revitalisation des quartiers. Des projets inspirants, porteurs et rassembleurs qui prennent vie pour le bonheur des citoyens.
Photo de Sabrina Brochu : Daniel Bouguerra
Photo : Christian Gonzalez Toutes les villes recèlent ici ou là des bâtiments qui constituent pour une raison ou une autre des curiosités, des étrangetés architecturales. Que ce soit à cause de leur style, de leur fonction ou de leur utilité, ces bâtiments sont l’objet de questionnements. Ils sont entourés d’une aura mystérieuse et l’on se demande pourquoi de telles constructions peuvent bien se retrouver ainsi dans notre paysage à l’encontre de toute attente. Il y a les constructions qui surprennent à cause de leur âge avancé dans un environnement résolument contemporain, celles qui étonnent parce qu’elles ne semblent n’avoir aucun rapport ou relation pertinente avec les autres usages qui composent le paysage urbain. L’observateur est plus ou moins convaincu de la vocation de l’édifice, étonné par l’incongruité de ce qu’il observe. Certains parmi vous se rappellent du film de Yves Simoneau Dans le ventre du dragon, cette comédie fantastique où un jeune passeur de circulaires accepte contre rémunération de subir des tests médicaux dans un étrange laboratoire scientifique aux pratiques douteuses... C’est très exactement la première impression que j’ai ressentie lorsque je suis passé pour la première fois devant ce complexe planté au beau milieu d’un immense terrain gazonné sur le boulevard Saint-Charles: Le Complexe Futur, à quelques pas de la rue des Rigolets qui mène à Vaudreuil-sur-le-Lac. Le flash était d’autant plus pertinent que l’ensemble de la propriété est clôturé et que l’accès au site est contrôlé par une austère guérite de béton qui en interdit l’accès, mais celle-ci semble en apparence inoccupée, le gardien a quitté son poste. De la rue, on aperçoit une tour à bureaux d’une douzaine d’étages attifée d’une immense banderole placardée sur la façade la plus en vue, annonçant des espaces à louer qui semblent attendre désespérément des locataires. Un peu plus loin en retrait, une construction de quatre étages, elle aussi en béton, dont les coins sont marqués par quatre imposants massifs qui donnent à l’ensemble des allures de forteresse étrange. Une centrale d’énergie alimentant la tour? Un bâtiment de service? On n’en sait trop rien. Au premier coup d’œil, aucun stationnement, pas une seule voiture laissant croire que les espaces sont occupés. En fait les seuls résidents visibles sont les voiliers d’outardes qui envahissent le gazon au printemps et à l’automne. Tout autour de cet ensemble, longeant le boulevard Saint-Charles et s’étendant jusqu’au lac Des-Deux-Montagnes, s’est développé un quartier résidentiel qui contraste fortement par la densité de population qui l’occupe. À l’opposé, du côté ouest s’étend le quartier industriel qui longe l’autoroute 40, accessible par la rue Joseph-Cartier en prolongement de la sortie d’autoroute venant de Montréal. Tous les bâtiments sont accessibles uniquement pas cette artère parallèle à la Transcanadienne, à l’exception du complexe Future qui fait office de transition entre le parc industriel et le quartier résidentiel. Il s’agit du seul ensemble dont l’accès se fait de ce côté, mais le message est clair : accès interdit! Autre fait étrange, il constitue le seul développement dans ce secteur ayant la vocation principale de bureaux locatifs. Photos : 1000 Saint-Charles L’usage veut que lors de l’élaboration des plans d’urbanisme on regroupe les édifices à vocations identiques afin de constituer des ilots de constructions à fonctions similaires (résidences, commerces, bureaux, usines, etc.). Cette planification favorise la concentration d’activités semblables ce qui a pour résultat d’entrainer une dynamique qui favorise la vitalité des activités qui s’y déroulent. Chaque type de quartier prend son sens au fil de son développement. Mais dans le cas présent, il semble que le complexe soit seul de son espèce, en apparence tombé du ciel par une nuit sans lune… Il se dégage donc de ce curieux projet un étrange sentiment de silence qui détonne par rapport à tout ce qui l’entoure. Et bien le dragon n’est finalement pas loin de la réalité puisque cette bestiole solitaire était à l’origine un laboratoire de recherches scientifiques : L.A.B. Pharmacological Research International. L’achèvement de la construction date de 1969. La tour abritait les bureaux administratifs sur douze étages, le bâtiment de 4 étages ne constitue qu’une partie de ce qui était le centre de recherche dont la majorité des espaces se retrouvent en sous-sol. À l’arrière, vers l’ouest, se trouvent des quais de livraison-expédition non visibles depuis l’avenue Saint-Charles. L’ensemble fut acquis en 1999 par la société MDS qui en maintiendra la vocation jusqu’à ce que la propriété passe aux mains d’une importante entreprise d’électronique et qu’elle devienne la Tour Futur Électronique. Quelle que soit sa vocation, cet ensemble représente depuis sa construction une étrangeté qui détonne dans le paysage urbain ambiant. Replié sur lui-même, refusant tout dialogue avec son environnement, victime d’un développement qui en a fait un projet introverti impuissant à établir un rapprochement avec les fonctions environnantes, il apparaît isolé, indifférent à tout ce qui l’entoure, seul de son espèce, incapable de s’intégrer à son milieu immédiat. Une tour d’ivoire. L’urbanisme est une science relativement jeune. Elle a pour objectif de donner une cohérence, un dynamisme et une harmonie au milieu bâti. C’est l’art de l’organisation de la ville, de l’exploitation réfléchie du territoire. Cette discipline est à la ville ce que l’architecture est au bâtiment. L’art de bâtir c’est la recherche de l’harmonie et une quête d’équilibre entre le pragmatisme et l’intuition, la rigueur et la créativité. Photo de Pierre Laurin : Daniel Bouguerra
Les livres sont des passages éblouissants J'avais envie de vous écrire sur le vaste sujet de la lecture. J'avais envie de laisser mes commentaires vous inspirer en mettant mes impressions simplement à votre disposition. Comme je suis écrivaine et rédactrice, le fait de lire fait partie de mon processus d'écriture. Chaque jour, je m'inspire de mes lectures et je compose avec le réel, l'irréel, les sensations, les désirs et les nombreuses choses inconscientes qui nous entourent afin de garnir mon coffre de créativité. Au fil de mes lectures, J'ai fait le constat suivant : l'écriture des femmes est savoureuse, elle a cette force du ressenti et de l'introspection qui mène les lecteurs à voyager en eux à travers l'histoire même du livre. Pour la grande lectrice que je suis, je dois avouer que, bien souvent, je me sens submergée par toutes les possibilités littéraires que nous proposent les médias. Mes choix se penchent souvent et plus particulièrement vers l'écriture des femmes. Mais Comment faire pour s'y retrouver ? Comment trouver un livre qui nous parle vraiment ? Celui qu'on ne veut jamais terminer... Celui que l'on savoure à chaque page et dont chaque paragraphe s'apparente à un bijou pour l'âme. Pour nous aider dans notre recherche, si nous le souhaitons, il y a cet outil indispensable: Je parle de l'excellente revue Les libraires, offerte gratuitement dans toutes les librairies et également disponible en ligne. Comment avoir le coup de foudre ? Il n'y a pas qu'une seule et unique façon d'avoir un coup de foudre et nous pouvons en avoir plusieurs fois dans une même année. Parce que les livres peuvent être pénétrants et peuvent même refléter une vision du monde qui nous porte à réfléchir et à s'ouvrir au monde. Certains auteurs ont un don d'écriture inouï pour captiver les lecteurs. Assurément, quelques-uns d'entre eux provoqueront des remous, des bouleversements profonds, des réflexions et des sensations fortes qui nous marqueront. Cela vous est-il déjà arrivé de ressentir quelque chose d'aussi enlevant lors de votre lecture ? La saveur d'une histoire qui chavire Je me souviens d'un livre que j'ai lu il y a presque 10 ans et qui vibre encore en moi. Un livre écrit par une brillante femme de grand talent : Venir au monde, de Margaret Mazzantini... Cette auteure prolifique s'est inspirée des images effroyables de la guerre en ex-Yougoslavie pour écrire cette histoire bien ficelée. Un livre puissant, électrisant et complètement différent de ma réalité. Pourtant, à chaque page, je me sentais interpellée, à chaque chapitre, je trouvais ma place au sein de ses personnages troublés et troublants. Dans cet ouvrage, je me suis attachée à la fragilité étonnante des personnages et à la force des mots de l'auteure... J'ai découvert un métissage langagier, une sagesse profonde dans l'écriture et un éminent raffinement qui nous portait en soi jusqu'au bout du monde. C'est surtout la présence éloquente du poète Gojko, ce protagoniste pourtant grotesque qui ouvrait la porte à la beauté, aidant ainsi les autres personnages du livre à survivre aux pires atrocités de la guerre. La sagesse du personnage poète devint, au fil de la lecture, un passage à emprunter par les autres personnages afin de rendre leur vie plus acceptable. Je me souviens qu'à la toute fin de ma lecture, j'ai eu ces terribles tremblements, ceux de la détresse et de l'enchantement, dont nous parle si bien Gabrielle Roy dans l'un de ses plus grands livres. Puis il y a eu d'autres livres, des livres de femmes surtout. Des livres vibrants qui traçaient des lignes bien droites, me présentant de nouvelles routes à traverser, des passages à parcourir afin d'atteindre les ombres discrètes et pourtant essentielles à ma vie de femme. La vraie beauté d'un livre Il ne suffit pas de raconter une histoire, il faut aussi que ce récit soit bien emballé, qu'il présente des soins impeccables du langage et de l'esprit. Il faut que vous fermiez le livre avec l'impression d'un petit vide en vous... Comme si vous faisiez le deuil de cette vie si trépidante, si pleine d'émotions et d'éclat. Comme si vous faisiez vos adieux à ces personnages familiers que vous aimiez. Pour remplir votre prochain vide de lecture, je vous souhaite de dénicher cette perle qui fera briller un peu plus votre vie afin que vous portiez un regard neuf sur la vie et sur vous-même. Chaque lecture que vous ferez apportera avec elle un peu plus d'ouverture sur la différence, sur le monde qui vous entoure et transformera un peu ce que vous êtes tout au fond. Photo de Marie-Belle Ouellet : Daniel Bouguerra
Il y a exactement 100 ans, en 1917, le cours de l'histoire de l'art a été complètement changé. Le fondateur du mouvement Dada, Marcel Duchamp présentait un urinoir comme oeuvre d’art pour l'exposition de The Society of Independent Artists à New York. Dans le monde de l'art, c'était la première fois qu'un simple objet de la vie quotidienne était présenté comme une oeuvre et passait à l’histoire. Duchamps, ainsi que le mouvement artistique italien né dans les années 1960, Arte Povera que l’on pourrait traduire par "l’art pauvre", ont été parmi les précurseurs de l’art recyclé, ou upcycling (recyclage créatif). En réalité, il n’a de pauvre que la matière première : des objets usés, des rebuts, des trouvailles glanées au hasard et qui retrouvent une deuxième vie. Les artistes ont vu partout dans le monde de nouvelles possibilités créatives dans les objets rejetés. Alexander Calder au cours des années 1930 et 1940 a fait des animaux capricieux à partir de boites de café tandis que Picasso a façonné en 1942 une tête de taureau à partir d'un guidon et d'un siège de bicyclette jetés. Pendant la Seconde Guerre mondiale et quelques années d'après-guerre, pénurie oblige, beaucoup de matériaux étaient recyclés. Les chemises en fin de vie étaient recyclées, les boutons soigneusement récupérés pour des travaux de couture ultérieurs, les manches séparées pour protéger les bras dans les travaux salissants ou pour cirer les chaussures, et le reste réutilisé comme chiffons pour nettoyer les vitres. Sonia Delaunay a été une des premières artistes du siècle à explorer l’intégration de textiles recyclés dans ses œuvres. Elle figure parmi les pionniers de l’abstraction et a marqué de son empreinte un siècle entier de création avec au delà de 400 oeuvres.
L’art et l’écologie Aujourd’hui, l’écologie est au cœur de toutes les préoccupations politiques, économiques et sociétales. Dans cette ère de sensibilisation accrue à notre environnement, l’art n’échappe pas à cette tendance et la pratique de la récupération artistique a le vent en poupe! Engagés socialement ou pas, les artistes qui créent à partir de matières recyclées sensibilisent à la question des déchets dans notre société de surconsommation. Nos bacs bleus de récupération sont pris d’assaut, les friperies ont gagné leurs lettres de noblesse et des tournées s’organisent dans les quartiers la veille de la collecte des résidus encombrants pour dénicher ce qui pourrait être transformé.
Les objets qui ont peu d'intérêt pour le commun des mortels représentent de véritables trésors pour les artistes du recyclé. Presque tout peut être transformé en une œuvre d'art et tant que vous ne brisez pas de règles pour l'obtenir, vous pouvez trouver votre prochain chef-d'œuvre à peu près n'importe où et absolument gratuitement. C'est bon marché, respectueux de l'environnement et maintenant, très tendance. Récupérées, laissées brut ou transformées, des matières telles que plastique, emballages alimentaires, textiles de toutes sortes, papiers et cartons, ferraille, poupées, objets manufacturés, CD, circuits informatiques... bref, toute la panoplie des déchets est devenue une réserve inépuisable pour les créateurs. Après avoir investi la mode, le courant écolo-responsable est arrivé dans nos maisons et devient un véritable art de vivre. Les architectes proposent des designs éco-responsables, les designers d’intérieur suggèrent des décors shabby-chic et les artistes en arts visuels s’éclatent en proposant des œuvres inédites dans la rue. Il y a de ces œuvres contemporaines qui nous marquent, certaines que l’on aime tout simplement, d’autres qui dérangent et il y a celles qui sont fondamentalement porteuses de sens, qui font réfléchir ou qui alimentent les conversations. Pour ma part, si je ne devais présenter que quelques œuvres réalisées à partir d’éléments recyclés et qui ont fortement façonné ma démarche artistique, c’est sans aucune hésitation celles-ci... De nombreux artistes basent leurs choix artistiques sur leurs préoccupations écologiques, mais également par défi de créer avec des matières inusitées. Cela étant dit, c’est nous qui choisissons d’adhérer ou non aux principes de développement durable. Je crois personnellement que c’est un choix et qu’il faut parvenir à un équilibre entre nos idées et des intentions qui impliquent forme et contenu. Le mouvement prend de l’ampleur et a été popularisé un peu partout dans le monde. Il possède aujourd’hui ses propres festivals, à l’image du Recycled Arts Festival de Vancouver ou le DRAP-ART organisé par la même équipe depuis 1995 avec un seul objectif : promouvoir le "recyclage créatif". Dans la région de Vaudreuil-Soulanges, le premier Festival de l’Art recyclé voyait le jour en septembre 2016 au Café de l’horloge de Rigaud. Il se tiendra à nouveau cette année, les 16 et 17 septembre prochains.
Photo de Madeleine Turgeon : Daniel Bouguerra
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AuteurChristian Gonzalez Catégories
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