Pendant les Jeux olympiques de PyeongChang, j’écoutais un entraîneur expliquer que les athlètes étaient préparés plusieurs mois ou même plusieurs années à l’avance, avec une précision quasi-scientifique qui leur permettait d’être au summum de leur forme au J et à l’heure H. Être en pleine possession de ses moyens à l’instant précis où la compétition commence… condition sine qua non pour avoir une chance de voir son nom gravé à tout jamais sur les tablettes des Olympiades. Cette évidence nous démontre aussi que corps et cerveau fonctionnent parfois différemment et que dans certains domaines, notamment celui de l’art, la pleine possession de ses moyens n’est pas toujours gage de réussite… Je sais, vous vous demandez déjà où je veux en venir… Eh bien, c’est simple! Nul ne peut nier que quelques-uns des plus grands chefs-d’œuvre de la littérature, de la musique, de la peinture et même du cinéma ont été réalisés par des artistes qui étaient loin d’être en pleine possession de leurs moyens. Certains étaient malades, d’autres sévèrement handicapés, sans parler de ceux, beaucoup plus nombreux, qui allaient chercher leur inspiration dans les effluves de l’alcool, les volutes de la marijuana ou de substances encore plus dures. Dans tous les cas, on sait que les plus grands créatifs sont aussi parfois de sacrés névrosés.
Le domaine de la musique nous livre également quelques exemples de handicaps surmontés pour créer des chefs-d’œuvre, notamment avec Ludwig van Beethoven. Souffrant d’acouphènes dès l’âge de 26 ans, il composa, entre autres, la 3ème Symphonie, dite "Héroïque" alors qu’il n’entendait presque plus rien et lors de la première représentation publique de sa 9ème symphonie, en 1824, à Vienne, il était totalement sourd. Près de deux cents ans après sa mort, la surdité de Ludwig van Beethoven et son impact sur son oeuvre musicale continuent de passionner les chercheurs. Si notre état de santé et notre forme physique peuvent avoir un impact sensible sur notre processus créatif, il en est de même avec les émotions, surtout si elles sont profondément ressenties. Les plus belles chansons d’amour ont été écrites par des personnes inconsolables après une rupture ou la perte d’un être cher et les plus beaux hymnes à la vie par des artistes ayant tutoyé la mort. Une sorte d’état second, que certains chanteurs et musiciens n’hésitent pas parfois à recréer de manière artificielle en ayant recours à des substances aussi illicites que dangereuses, notamment dans l’univers de la musique pop et du rock. Le Festival de Woodstock, organisé en août 1969, en fut probablement la plus grande démonstration. La drogue y a allégrement circulée, tant dans le public que sur la scène mais Janis Joplin, Joe Cocker, Santana, Jimmy Hendrix, Jefferson Airplane ou encore les Who, pour ne citer qu’eux, y ont livré d'incroyables prestations et des chansons qui ont fait le tour de la planète et que l’on écoute toujours, près de 50 ans plus tard. Que les choses soient claires… je ne suis pas en train de vous faire l’apologie de l’alcool ou de la drogue. C’est la raison pour laquelle j’ai aussi évoqué les névroses, les handicaps et la maladie. J’ai simplement essayé de mettre le doigt sur une réalité à maintes fois démontrée : hormis certaines disciplines très physiques, comme la danse par exemple, si la pleine possession de ses moyens n’a jamais été un critère de poids dans le domaine de l’art et de la créativité, la possibilité de savoir (ou de pouvoir) sortir de sa zone de confort, de son état "normal", ouvre souvent les portes de fantastiques explorations et de superbes découvertes de soi-même. Certains artistes ont recours à des méthodes artificielles et parfois peu orthodoxes pour y parvenir. D’autres, de plus en plus nombreux, ayant compris l'intérêt de sortir un peu la tête de leur bocal et d'aller explorer d'autres avenues, y parviennent de manière tout-à-fait naturelle mais en travaillant très fort sur eux-mêmes. C’est bien entendu la voie que je vous suggère... Photo de Christian Gonzalez : Daniel Bouguerra
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AuteurChristian Gonzalez Catégories
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