Né en 1867 à Fontenay-aux-Roses, Bonnard constitue l'un des malentendus de l'histoire de l'art. S'il possédait de fervents admirateurs, il s'attira également nombre de détracteurs. Ce qui lui interdit longtemps d'accéder au panthéon de la modernité. Recherché par les collectionneurs, encensé par ses pairs, Pierre Bonnard fut l'un des artistes les plus doués de sa génération. Son ami Matisse lui vouait un profond respect et Apollinaire louait le charme de ses œuvres en les qualifiant de simples, sensuelles et spirituelles.
Mais celui qu’on avait surnommé le "peintre du bonheur" était un perpétuel angoissé qui ne pouvait s’empêcher de retoucher ses toiles, même après les avoir achevées. Au musée de Grenoble puis au Luxembourg, il lui arriva de guetter le passage d'un gardien pour ne pas se faire surprendre, puis de sortir d'une poche une petite boîte où se trouvaient quelques tubes de peinture et, d'un bout de pinceau, d’améliorer furtivement de quelques touches un détail qui le préoccupait. Il adopta cette habitude jusqu’à son dernier souffle. En 1946, il peint Amandier en fleurs, mais l'artiste n'était pas satisfait. Trop fatigué, alité, il demande à son neveu de l'aider à changer une couleur. Et de poser, là, en bas à gauche, à la place du vert, des pointes de ce jaune qu'il aime tant. Voilà. Le tableau est fini. Bonnard s'éteint quelques jours plus tard, le 23 janvier 1947. C’est ce comportement, pour le moins perfectionniste, qui a donné naissance au verbe "bonnarder". Source : L'Express Les commentaires sont fermés.
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AuteurChristian Gonzalez Catégories
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