Depuis quelques décennies les plans d’urbanisme des municipalités imposent une réglementation bien structurée afin de contrôler le développement urbain et éviter les dérives qui résultaient souvent dans le passé de l’absence de telles lignes directrices. Cette réglementation loin de freiner l’ardeur créatrice des architectes, sert plutôt de lignes directrices générales lors de l’élaboration du design des bâtiments. À titre d’exemple, voici un extrait de réglementation, tiré du plan d’urbanisme d’une municipalité de la région : ……3. Assurer la qualité des développements commerciaux situés à l'extérieur du périmètre d'urbanisation du noyau urbain. 4. Améliorer l'aspect visuel des artères commerciales…… Sur la base de ces principes, on s’attend à ce que les administrations publiques prennent les mesures requises afin de forcer les citoyens corporatifs à mettre l’épaule à la roue et contribuer à l’effort d’harmonisation et de cohérence du paysage urbain. Respecter la réglementation est une chose, mais malheureusement garantir le maintien de la qualité des lieux est une toute autre histoire. Une fois la construction réalisée, les obligations à long terme des occupants de l’espace public s’avèrent en fait minimes. Il y a quelques années à Montréal, une partie du revêtement de béton d’un édifice en hauteur s’est détaché de l’immeuble pour aller s’écraser au sol tuant une femme. Ce tragique accident a mis en lumière l’absence criante d’obligations des propriétaires quant au maintien en bon état de leurs propriétés. Comme si la gestion de l’avenir faisait totale abstraction du maintien de la qualité du patrimoine. L’œil droit regarde d’un côté, l’œil gauche vise une autre direction. Les municipalités auraient aussi avantage à se soucier d’une meilleure intégration architecturale lors de projets d’agrandissements de leurs installations. Lorsque le propriétaire d’une pension pour animaux semble avoir un sens de l’esthétique plus développé qu’un service des travaux publics, il y a des questions à se poser sur la capacité de gestion des actifs immobiliers de certaines instances décisionnelles. Si ces derniers ne sentent pas avoir les habiletés requises pour porter un jugement sur la question, les services des consultants en architectures devraient être là pour signaler les incohérences. Les exemples sont nombreux dans notre région comme ailleurs au Québec. Devant un pareil laissé aller de la part des autorités on est loin d’envisager ne serait-ce que le début d’un programme d’éducation populaire en terme d’architecture. Cette situation favorise l’ignorance et la négligence et contribue à la dégradation du milieu bâti. Et il est d’autant plus contradictoire de constater qu’en parallèle les mêmes municipalités consacrent dans d’autres services des sommes toujours plus importantes afin de développer l’intérêt de la population dans le domaine des arts et de la culture. C’est tout-à-fait louable, enrichissant et indispensable au développement des individus, mais il y a un sérieux problème à partir du moment où l’on prêche une chose et son contraire, qu’on souffle le chaud et le froid. Les arts d’un côté, les immeubles délabrés de l’autre. Un autre bel exemple des organisations qui gèrent en silos. Exiger que les propriétaires entretiennent leurs immeubles, que les villes ou les gouvernements donnent l’exemple ou qu’un effort particulier soit mis à respecter certaines normes esthétiques semble exagéré, superficiel ou inutilement coûteux? N’oublions pas que voilà peu de temps le principe même d’un plan d’urbanisme relevait de la plus invraisemblable des utopies. Le développement des artères commerciales se réalisait dans l’incohérence la plus totale comme en témoigne l’actuel boulevard Harwood. Le plan de réhabilitation dont il est l’objet nous fait réaliser que ce n’est pas une heureuse idée de devoir agir dans l’urgence, que beaucoup d’énergie est consacrée à la reconstruction plutôt qu’à une bonne planification. Qu’à travers cet exercice coûteux de rattrapage on est forcé de constater qu’une partie de notre histoire n’aura laissé au bout du compte aucun souvenir durable et significatif. Pour la qualité de nos espaces publics et pour notre mieux-être on devrait consacrer autant d’énergie à faire disparaitre ces désolantes cicatrices du passé qu’à bien planifier nos villes. Photo de Pierre Laurin : Daniel Bouguerra
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AuteurChristian Gonzalez Catégories
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