Photo: Christian Gonzalez Il est vraiment curieux de constater comme certaines œuvres suscitent des réactions étranges. On incline la tête ou on prend du recul afin de mieux saisir l’objet, en espérant ainsi réussir à simplement le comprendre. On se gratte le menton l’air songeur comme si ce geste allait faire surgir la lumière des ténèbres et chasser l’inconfort qui nous envahit. S’il faut se prononcer, on y va parfois d’un commentaire qui exprime un doute, qui relève d’avantage de l’émotion que de l'analyse : "Le fait de photographier un immeuble que l'on n'apprécie pas trop esthétiquement aide mentalement à mieux l'accepter." - Daniel Bouguerra, photographe "Contraste saisissant entre les fenêtres de bureaux très étroites, à droite, et l’immense surface vitrée à gauche. On aime, ou on n’aime pas!" - Christian Gonzalez Immanquablement la source de l’inconfort est la même : l’incompréhension. Elle résulte du fait que l’objet ne répond pas, ou mal, aux références esthétiques ou formelles auxquelles on est habitué. Cette écart par rapport à la norme nous dérange et perturbe notre compréhension et nos sens. Si c'est vrai pour les bâtiments, ça l'est aussi pour toutes les autres formes d’expression artistique. C’est que pour comprendre il manque souvent une petite chose toute bête : la clé. Et cette clé c’est que l’on appelle le concept architectural. Pour résumer, c’est la description par laquelle l’architecte explique les réflexions, les sources de motivation et d’inspiration qui ont menées à l’organisation de son œuvre, à la construction formelle et esthétique du bâtiment, à l’impression ou au message qu’il souhaitait véhiculer dans l’esprit des gens. Des exemples : ….je me suis inspiré de la vocation industrielle du secteur pour favoriser l’usage de l’acier dans la composition des façades…. ….l’eau de la rivière avoisinante m’a naturellement suggéré l’utilisation de formes courbes et fluides dans l’aménagement des trottoirs et des corridors….
«…Afin de créer un bâtiment original, la MRC a mandaté des chercheurs en urbanisme afin de dégager de nombreux éléments paysagers distinctifs du boulevard Harwood. Avec ces différents constats, la MRC créera un édifice original qui s’inspire de l’histoire, du milieu et des citoyens qui habitent le secteur….» (lire la suite sur VIVA média : La MRC et le CLD déménagent). A en juger par la proposition préliminaire des architectes, on se demande ce que les urbanistes ont trouvé de significatif sur ce boulevard Harwood hétéroclite et décousu, qui se reflète dans la conception des façades et du bâtiment dans son ensemble. Ont-ils oublié de transmettre le résultat de leur recherche aux architectes chargés de concrétiser le tout? Quoi qu’il en soit, cette alternative fut mise de côté au profit de la version finale dont la construction s’est achevée voilà quelques mois. À défaut de susciter l’unanimité loin de là, cette version finale a le mérite de concrétiser les trois éléments principaux du concept architectural :
À n’en pas douter, la version finale est moins convenue et plus audacieuse que la proposition préliminaire. Les concepteurs ont fondé leur design sur les éléments forts inspirés de l’histoire de la région. Il en va du résultat comme il en va du choix du concepteur. Chacun a sa vision des choses, sa manière d’interpréter et de faire la mise en scène. Le résultat peut être sage ou peut être... surprenant. Que le projet soit passé par deux propositions aussi différentes et que cette dernière version ait été choisie a au moins le mérite de témoigner de la volonté du donneur d’ouvrage (la MRC) et du service d’urbanisme de Vaudreuil-Soulanges de forcer le changement et le renouveau du boulevard Harwood avec des propositions qui font réfléchir. Certains aiment, d’autres pas. C’est en définitive cela qui compte, que l'expression artistique soit mise au service des services publics, qu’elle provoque l’émotion et parfois on l’espère, la réflexion. Après tout, n’oublions pas que l’uniformité engendre la monotonie. Le plus important restant que la discussion dissipe l’incompréhension. Comme il est réconfortant de comprendre, comme il est personnel d’aimer… Photo de Pierre Laurin: Daniel Bouguerra
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