Il y a un peu plus d’un an, le 7 août 2015, Thérèse Bourbeau-Cholette s’envolait vers d’autres cieux. Elle était âgée de 89 ans. Originaire de Saint-Félix-de-Kingsey, c’est à Rigaud qu’elle a passé la majeure partie de sa vie et nombreux sont les élèves qui gardent d’elle un souvenir impérissable puisqu’elle a longtemps enseigné au Collège Bourget. Artiste dans l’âme, peintre, sculpteure et auteure, Thérèse Bourbeau-Cholette avait également la passion des mots et des livres. Elle entretenait avec l’artiste Madeleine Turgeon une amitié profonde, illuminée par une passion de l’art qu’elles partageaient généreusement. Madeleine Turgeon lui a rendu un vibrant hommage lors de ses funérailles. Elle m’a autorisé à le publier. Hommage à Thérèse Bourbeau-Cholette Il ne m’a pas été facile de trouver la forme adéquate pour rendre l’hommage que je dois à Thérèse, pour lui exprimer ma gratitude envers l’empreinte qu’elle a laissée par ses œuvres poétiques et pour sa générosité personnelle envers tous ceux qu’elle a côtoyés. Thérèse avait le siège d’honneur dans ce balcon où s’asseyent les spectateurs idéaux de mon imaginaire. Tous les mots que je peux choisir ne seront pas suffisants pour décrire l'immense cœur, l'âme et l’œuvre d’une artiste de 89 ans, mais qui a toujours su garder son cœur d’enfant. Artiste multidisciplinaire (peintre, sculpteur, écrivaine), elle a su tracer son propre chemin avec la détermination d’une petite abeille. Elle a su rayonner autant dans sa région qu'au coffin de Rimouski, Sept-Îles, Sherbrooke, Paris, aux États-Unis et en République Dominicaine. Elle a donné tout son talent librement et généreusement à ceux qui en avaient le plus besoin. Un mot, une phrase encourageante étaient suffisants pour redonner confiance et assurance à un élève indécis, à un artiste en déroute ou à l’un de ses petits-enfants qu’elle chérissait tellement. Thérèse avait une démarche artistique singulière, elle affectionnait le mouvement, les couleurs vives et répétait souvent que nous devions, en tant qu’artiste, mettre de la couleur et faire de notre monde, un monde meilleur. Lorsque son tendre époux Maurice est parti trop vite, elle a arrêté de peindre pendant deux ans. À notre tour, nous avons veillé à garder sa petite flamme allumée en la visitant et en l’appelant régulièrement. Suite à une rencontre avec M. Jean-Claude Fournier, poète de Vaudreuil, elle a repris ses pinceaux. Elle a alors peint une grande toile abstraite pour le Centre de soins palliatifs de Vaudreuil-Soulanges intitulée "Avancer vers la lumière". À mes yeux, c’est l'une de ses plus belles toiles. À sa grande surprise, Thérèse y a découvert plusieurs oiseaux et un profil d’homme qui se dessinaient. Elle s’amusait à dire que Maurice s’était révélé à elle dans sa toile. M. Fournier, ravi de son retour à l’Art, a écrit pour elle le 21 octobre 2010, un poème dont en voici un extrait et qui a touché immensément Thérèse. Avancer vers la lumière …Je me sens transformer en monceau de Bonheur Et ta clarté m’enivre…donne goût aux couleurs; Elle éclaire ma douleur et façonne mon sourire Pour que de tes rayons, je puisse me nourrir. Regarde ces grands Arbres au-delà des Matins, Ils sont Force et Courage, ils marquent le Destin Que dessinent les Âges par-dessus les grands Vents qui souffrent leurs adages sur la Portée du temps. Oh toi ardente lumière… Viens, prends place en ma vie et reflète l’espoir Sur des musiques d’Étoiles aux milles cristaux du soir. … Jean-Claude Fournier, 21 octobre 2010 Dans la foulée de son élan créatif, elle n’a cessé de peindre et de créer de nouvelles œuvres inédites. Pour ceux qui ont visité son "condo-musée" à Montréal, on pouvait voir dans sa salle de bain plusieurs dizaines de grandes toiles et autant de sculptures qui s’accumulaient aussi dans tous les coins de son salon. Ses oeuvres témoignent avant tout d’une grande jouissance des sens et de la vie. Lors de nos diners de filles, Thérèse insistait sur l’importance de goûter chaque jour toute l’intensité que nous offre un espace infini de création. Elle a conçu chaque œuvre comme une occasion d’aller à la découverte d’elle-même et des autres. Par sa manière d’être et de créer, elle nous a enseigné que tout est possible pour qui porte la beauté́ et la lumière en soi. Pour elle, l’art a toujours représenté un moyen de saisir la magie de la vie et d’exprimer les profondeurs de l’émotion humaine. Par sa faculté infinie de s’émerveiller des petites choses de la vie quotidienne, de la lumière du jour, d’un sourire, du mouvement comme d’autant de manifestations de l’énergie, elle nous rappelait que la vie est à tout moment un exploit et qu’elle vaut la peine d’être vécue pleinement... Thérèse je me sens privilégiée de t’avoir connu, je te dis MERCI! En écho à ton appel en cette nuit du 27 juillet alors que j’étais à l’étranger et que tu as trouvé la force de dire JE T’AIME… je te dis également JE T’AIME et vas ou ton cœur te porte! Tu me disais un peu avant de partir que tu irais un jour rejoindre Maurice avec joie… mais je savais également, et on en riait, que tu irais sculpter les nuages. Alors si voyez dans le ciel des nuages en forme d’oiseaux…vous saurez que Thérèse nous fait un clin d’œil. Madeleine Turgeon, Académicienne, AIBAQ Le "condo-musée" de Thérèse Bourbeau-Cholette - Photos de Madeleine Turgeon Photo de Thérèse Bourbeau-Cholette pour l'exposition "Le tour du chapeau" : Daniel Bouguerra
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AuteurChristian Gonzalez Catégories
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