Loin de tendre vers un but déterminé en arts visuels, j'ai toujours accueilli les expériences artistiques et cherché des nouvelles possibilités d'expression, permettant les découvertes liées au hasard. Mais je précise en préambule que si je ne crée jamais par hasard - comme tant d’artistes l'ont fait ou le font encore aujourd’hui - je lui laisse cependant parfois l'opportunité de guider mes pas. L’artiste et poète français Paul Eluard (1895-1952) disait: "Il n’ y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous"
Une rencontre avec une personne, un objet ou une découverte peut être déterminante dans notre processus de création artistique. Reconnaître au hasard une valeur, c’est intégrer une touche d’imprévu et accepter des modifications à l’intention originelle. Quoi qu’il en soit, on conserve toujours un rôle déterminant dans la création d’une œuvre : on prend ou non des dispositions susceptibles de laisser le hasard se manifester, on accepte ou rejette les résultats obtenus, et on assume cette responsabilité́ en la signant de son nom. Aussi longtemps que remonte l’art dans l’humanité, les artistes ont longtemps voulu contrôler la matière et l’image selon des théories purement académiques. Le hasard qui apparaît comme la manifestation d’une volonté divine n’était pas considéré pour avoir une incidence favorable sur l’art. Pourtant le génie Léonard de Vinci (1452-1519), dont la curiosité infinie était seulement égalée par la force d’invention, proposait le hasard comme une fabuleuse opportunité pour peindre. Il s’inspirait de tout et de rien ! Mais dès 1665, l’Académie royale de peinture et de sculpture qui avait le monopole de l'enseignement artistique imposait un autre point de vue. Les théories défendues par ses membres avaient pratiquement force de loi dans le monde de l’art, un domaine dans lequel ils prétendaient que rien ne pouvait être laissé au hasard. Ce n’est qu’au début du XXe siècle dans le sillage des recherches scientifiques en art que certains peintres ont commencé à miser pleinement sur la notion de hasard.
Au fil de "mes hasards"... Au fil de nombreuses années de pratique, je ne compte plus les occasions où j’ai du adapter une oeuvre à cause d'un accident inattendu qui m’a fait dérouter de mon objectif premier, par exemple :
Savoir tirer profit du hasard On ne peut attendre que les heureux accidents arrivent car ils se produisent au moment où on s’y attend le moins. Toutefois en laissant entrer le hasard dans notre démarche créative et en nourrissant notre parcours artistique d’études et d’expérimentations, on multiplie les chances d'avoir des résultats satisfaisants, de faire des choix stratégiques et bien entendu... d’innover. Bibliographie 1. Pek Van Andel et Danièle Bourcier, De la sérendipité dans la science, la technique, l’art et le droit - Leçons de l’inattendu (L’Act Mem, 2009) 2. Lucile Berland, Le vrai génie des inventeurs: savoir profiter du hasard, Slate FR 3. George Brecht. L’Imagerie du hasard, Paris : Presses du réel, 2002 4. Augustin Manaranche, Hasard et aléatoire Dada & Art génératif, 2011 5. Danièle Perez, Le hasard dans l’art, 2016 6. Sarah Troche, Le hasard comme méthode, 2015 Photo de Madeleine Turgeon : Daniel Bouguerra
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AuteurChristian Gonzalez Catégories
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